UNE VIE DIVINE
Dante a laissé, avec La Divine Comédie, une oeuvre prodigieuse, éclaboussant de son génie, de sa pensée, de sa philosophie, les siècles à venir. Une oeuvre prodigieuse mise en scène par un non moins prodigieux auteur, dont on a gardé du nom un adjectif : dantesque. Un adjectif qui sied aisément au XXe siècle, traversé par les conflits, les horreurs, avec ses atrocités, convoquées dans "le bruit et la fureur d'une inhumanité poussée à son comble". La comédie n'est plus divine. Elle est humaine, "trop humaine" s'empresse de préciser Philippe Sollers, dans cet entretien avec Benoît Chantre (directeur littéraire aux éditions Desclée de Brouwer), revisitant la modernité à la lumière de Dante. Mais si le terme de dantesque signifie infernal, Philippe Sollers évoque, en quatre parties, l'essentialité de la porte de l'enfer avant l'enfer, le purgatoire et le paradis, deux arcs-en-ciel trop vite et facilement oubliés, sinon niés, depuis deux siècles. Sont ainsi convoqués, au fil d'une conversation agréable, ténue et sans relâchement, Péguy, Apollinaire, Rimbaud, Joyce, Baudelaire, Watteau et Fragonard, Picasso et Bacon, Mozart... Une ardente conversation de salon née de la création de Dante, partie prenante de l'oeuvre, spectre flottant au-dessus des arts, "premier explorateur occidental" à mettre les pieds en enfer, "premier constructeur du purgatoire" aussi et "le seul qui se soit mis en présence du paradis ».
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