NOUVELLE LETTRE DE VENISE
et du choléra
La Mort à Venise et Tristan comptent parmi les meilleurs récits de Thomas Mann.
Malgré leur brièveté, ces deux chefs-d'oeuvre d'inspiration très romantique contiennent l'essentiel de la pensée du grand écrivain allemand. On y retrouve le pessimisme foncier hérité de Schopenhauer, la clairvoyance, la perspicacité et l'extraordinaire raffinement psychologique que Thomas Mann admirait chez Nietzsche, ainsi que les quatre notions fondamentales qui, à travers la littérature, ont pendant des siècles défini l'âme allemande : culture, musique, protestantisme et sens du devoir.
La fascination mortelle que peut exercer la beauté physique, tel est le sujet de la Mort à Venise : justement parce qu'il n'est plus jeune, et qu'il a une sensibilité d'artiste, le romancier Gustav Aschenbach sera plus qu'un autre sujet à ces brusques déraillements qui conduisent à la mort.
Univers glacé de la montagne, gaieté factice du sanatorium, Tristan est en quelque sorte un prélude à la Montagne magique. Dans ce monde qui déjà échappe aux vivants s'affrontent l'artiste, voué aux rêves morbides et à la métaphysique, et le bourgeois, l'homme d'action à la santé et aux affaires florissantes.
Nouvelle brève, infiniment poignante, le Chemin du cimetière clôt sur un point d'orgue la réédition de ces deux joyaux de la littérature allemande.